« Par chemins d’Oiron » d’Emmanuel Charbonnier
Œuvre déclinée en 2 chemins pour un jardin contemporain :
« Par chemins de verre vers un jardin secret »
Emmanuel Charbonnier est plasticien et paysagiste. Il interprète le monde comme un « jardin ».
Lors de son séjour à Oiron en 2008, il est tombé sous le charme de ces venelles cachées, les « passe partout », pénétrant au cœur même du village, dans ses parties les plus secrètes. Il a choisi de baliser son parcours par des pavés roses incrustés dans le sol, à l’instar des petits cailloux du Petit Poucet. Les venelles ont été ensuite recouvertes de calcin, verre broyé matière première du verre recyclé. L’artiste a conçu son œuvre comme un régal pour les sens. Les premiers pas se feront peut-être hésitants sur ce matériau, pourtant inoffensif, mais dont l’apparence peut tout d’abord être perçue comme agressive. Le promeneur sera, sans aucun doute, séduit par le scintillement du verre, par les jeux d’ombre et de lumière. Solitaire, ses oreilles se régaleront, comme d’une musique, du simple crissement du verre sous ses pas.
« Par chemins et par clos vers le jardin d’Oiron »
En 2009, l’artiste a créé un parcours végétal environ 8 km autour du village, au cours duquel le visiteur, découvre 12 arbres répertoriés dont 5 plantés par l’artiste lui-même. Invité à porter un autre regard sur l’immensité de la plaine, la forêt (le Parc d’Oiron), le vignoble, les jardins, les clos…, le promeneur peut ainsi prendre conscience de la variété paysagère de cet environnement. Un livret explicatif original, réalisé par l’artiste lui-même, fait partie intégrante de l’œuvre. (consultable sur demande auprès des responsables)
« 2 cubes »
sculpture de Go SEGAWA
A partir d’une image photographique de 2 cubes en perspective, l’artiste a réalisé, en 2001, dans le square d’Oiron, cette sculpture plate en fer rouillé. La perspective photographique initiale, réinterprétée en volume, bouleverse la perception que l’on a de cet objet qui varie selon l’endroit d’où on l’observe. Installée à l’entrée du village, cette œuvre prend ainsi une dimension surprenante tout à fait appropriée au sein d’une collection où la notion de point de vue est importante.
« Passe temps »
du Lycée Pilote Innovant International de Jaunay Clan Lycée Pilote Innovant de Jaunay-Clan (juin 2009)
Le Lycée Pilote Innovant de Jaunay-Clan présente la particularité de proposer à ses élèves de tous niveaux, de la seconde à la terminale, des Activités Complémentaires de Formation (ACF). Après avoir visité le château et le village, ce groupe d’élèves nommé « Oiron ACF » a rencontré Emmanuel Charbonnier et a choisi Oiron pour installer cette réalisation artistique, dans le prolongement du parcours des « venelles de verre ». Reprenant l’idée du « point de vue », la sculpture se présente sous la forme d’une porte s’ouvrant sur le paysage – la campagne, le château, les saisons… – comme une invitation à le regarder d’une manière différente. Par le titre lui-même, le visiteur est amené à s’interroger sur la notion qu’il peut avoir de l’espace mais aussi du temps. La vue sur le château et la Collégiale donne une image du passé, du riche patrimoine que nos ancêtres nous ont laissé en héritage. Mais les humains que nous sommes, qui nous relayons sur cette Terre que nous ne faisons « qu’emprunter à nos enfants », ne sommes-nous pas aussi des « passeurs », de culture, d’éducation …
« Le Oironier »
de Marie Bouchacourt et Bertrand Boulanger (planté le 2 octobre 2010)
En 2010, dans le prolongement du parcours végétal d’Emmanuel Charbonnier, l’artiste Marie Bouchacourt, a imaginé un « arbre de mots, sensibles et quotidiens, qui resteraient comme les fruits d’une mémoire collective » (M.B.). Lors de rencontres avec les habitants, Marie Bouchacourt a collecté des mots, « de jolis mots, des mots du coin, des mots d’Oiron, des mots qui font du bien … » (M.B.). Tous ces mots sont devenus les feuilles du Oironier, poésie aléatoire composée par le regard de chacun. La construction du Oironier a été confiée aux mains expertes du sculpteur Bertrand Boulanger. Tous les ans, les habitants choisissent le mot de l’année pour l’inscrire sur le Oironier contribuant ainsi à son épanouissement.
« Le Guetteur »
de Jean-Marc Bourasseau (octobre 2011)
L’Association a demandé, en 2011, au sculpteur Jean-Marc Bourasseau de lui proposer une œuvre en lien avec le lieu. à l’issue d’une première visite à Oiron, Jean-Marc Bourasseau a imaginé une sculpture métallique monumentale qu’il a intitulée « Le guetteur ». Elle consiste en un personnage, observant l’horizon, assis sur la proue d’un vaisseau englouti, pris dans une accumulation de roches et de fossiles (1). Ce projet a été retenu pour son rapport avec la géologie et l’histoire locale ainsi que pour son caractère énigmatique et « ouvert » qui lui donne toute sa place au sein de la collection en voie de constitution sur le territoire de la commune et à proximité de la collection Curios et Mirabilia présentée dans le cadre du château. L’auteur donne quelques clés pour comprendre son œuvre (1), la situant dans un « espace », dans son environnement géographique ou géologique (2), mais aussi dans un « temps » volontairement vaste et incertain, jouant sur les époques et les anachronismes, laissant de ce fait largement ouvert le champ des interprétations et des questionnements. La sculpture est implantée sur un terrain choisi par l’artiste au lieu-dit « La Croix de Saint Fouin » à mi-chemin du parcours végétal d’Emmanuel Charbonnier. Cet espace, situé un peu à l’écart du village, est suffisamment dégagé pour que l’œuvre y trouve toute son ampleur. De là, la vue porte sur la plaine, la ligne d’horizon, le château … Le passant sera sans doute intrigué, dans un premier temps, par cette « chose » surgie dans son environnement familier. Le visiteur plus attentif sera alors amené à élaborer sa propre construction imaginaire autour de ce navire voguant sur l’océan du Toarcien, à s’interroger sur les aléas climatiques qui auraient pu le conduire à venir s’échouer ici, sur l’aboutissement éventuel d’un voyage – une Odyssée – dont cette terre serait le but ultime, sur ce que guette vraiment ce personnage, ce qu’il attend, ce qu’il espère, ce qu’il redoute … Les passerelles sont nombreuses avec le site de Oiron : On évoquera en premier lieu la devise des Gouffier, bâtisseurs du château, « HIC TERMINUS HAERET » (Ici est le Terme) dont le sens a donné lieu à diverses interprétations sur ce que signifie vraiment « le terme » : le but ? l’aboutissement d’une quête ? la fin ? (de la vie ?) On peut penser au « Cabinet d’Histoire Naturelle » de Paul Armand Gette sur le thème de l’océan du Toarcien (collection Curios et Mirabilia), mais aussi à la « Salle de la Vanité des Bâtisseurs » de Gloria Friedman, comme réflexion sur le caractère obligatoirement éphémère de toute entreprise humaine. L’esthétique de cette œuvre agira sur le visiteur, selon les angles de sa propre vision, comme une incitation à regarder, contempler, voire méditer, un peu à la manière de « Point de Vue » et du « Balcon » de Philippe Ramette (parc du château). Il s’agit donc bien ici d’une invitation de plus à s’approprier une œuvre, à lui donner tout son sens par sa propre réflexion, en quelque sorte lui donner vie et en devenir « responsable » et non simple « consommateur ».
« Le Guetteur » Jean-Marc Bourasseau
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- Texte de l’artiste
« En ce début d’automne où se mêlent parfums de raisins broyés et de terre retournée, il s’est installé sur la proue du vaisseau englouti, vestige de temps immémoriaux, dans cette plaine fertile qui donne le pain et le vin. Face à son destin, aux vents rudes du Nord-est, il scrute l’horizon … Qu’attend-il ? Serait-ce le retour de la mer, nourricière ou dévastatrice ? « L’Homme-passager » s’interroge sur le cycle de la vie, où forces telluriques et cosmiques se conjuguent à son insu. Saura-t-il garder, comme un trésor, la fleur, l’abeille, l’eau pure des rivières, les saisons chères à Ferrat ? Pour qu’à leur tour, ses enfants goûtent les fruits généreux et s’abreuvent de l’eau des fontaines. »
Jean-Marc Bourasseau - Géologie du territoire de la commune de Oiron La commune de Oiron s’étend sur la marge sud-ouest du Bassin parisien caractérisé par la présence de roches sédimentaires d’origine marine. Ces roches affleurent le plus souvent sous la forme de strates sub-horizontales, parfois riches en fossiles (bivalves, brachiopodes, ammonites…). Dans la zone considérée, deux ensembles peuvent être distingués :
Le Jurassique. Il regroupe des calcaires crayeux, localement riches en rognons de silex (« chailles »), des calcaires argileux qui se débitent en dalles (« platins ») et des marnes. Datées paléontologiquement du Bathonien, du Callovien et de l’Oxfordien, calcaires et marnes constituent le soubassement d’une plaine de champs ouverts dont l’altitude moyenne avoisine 70-80 m NGF. Cette plaine fertile, dévolue à la production céréalière, est entaillée par la vallée de la Dive du nord, comblée d’alluvions récentes (galets, graviers et sables) et de dépôts tourbeux, et la vallée sèche dite de Grand Vault qui s’allonge sur près de 2 km. Les calcaires bathoniens et calloviens ont fourni soit des moellons utilisés pour l’élévation des murs (maisons, dépendances, clôtures…), soit des pierres de taille pour l’appareillage des ouvertures (portes et fenêtres). Le Crétacé supérieur. Il est représenté par des argiles et des sables du Cénomanien qui forment une colline boisée, le Parc d’Oiron. Du point de vue géomorphologique, cette hauteur est une butte témoin qui domine la plaine alentour d’une cinquantaine de mètres (point culminant : 133 m NGF). Argiles et sables cénomaniens sont à l’origine de sols médiocres, difficiles à valoriser, mais appréciés par la vigne. Les argiles ont été exploitées, notamment pour la production de tuiles et de briques (un atelier fonctionnait au XIXème siècle au lieu-dit la Porte du Parc). Les sables constituent un aquifère très peu productif à l’origine de la source d’eau sulfureuse de Bilazais. Enfin, la butte témoin dite du Parc d’Oiron est coiffée par des grès siliceux extrêmement durs. De teinte variable (beige à lie-de-vin), ils se sont probablement formés à l’Eocène (vers -35 à -40 Ma). Ils ont été utilisés par l’Homme au Néolithique pour bâtir des mégalithes, notamment les dolmens de la Met.
Didier PONCET, conservateur du patrimoine
- Texte de l’artiste